Je ne pratique pas la musique. Pas d’instrument, pas de compos, ça n’a jamais été mon truc. Mais je me vois très mal passer une journée sans en écouter, il manquerait quelque chose. Je suis en plus un peu du genre monomaniaque avec la musique, du genre si une chanson, un album ou un artiste me plaît je suis capable de l’écouter en boucle jusqu’à avoir envie de tout jeter par la fenêtre (ce qui pouvait se faire facilement à l’époque des CDs, avec les ordinateurs c’est tout de même moins conseillé, si tant est qu’une telle débauche de colère soit conseillée, ce dont je doute mais je digresse).
J’ai quasiment en permanence une chanson en tête mais ça ne me dérange pas du tout, bien au contraire. Je chante souvent aussi, dans la rue, toute seule, aux toilettes, chaque fois que quelqu’un dit une phrase qui me rappelle une chanson (oui je suis un peu chiante), je suis incapable de me concentrer sans musique, notamment pour écrire, bref c’est important dans ma vie.
Et certains styles, certains groupes ou chanteurs et chanteuses le sont d’autant plus. Certains, on ne sait pas trop pourquoi, nous touchent au cœur, nous font pleurer, nous font rire, nous font chaud dedans, sans raison apparente. C’est comme rencontrer quelqu’un avec qui le courant passe immédiatement, des fois on ne sait pas bien pourquoi, c’est quelque chose dans le sourire, dans la répartie, dans le rire spontané et volontiers sonore, dans les yeux, quoi qu’il en soit nous sommes conquis.
Ça a été le cas pour le groupe dont il est question aujourd’hui, auquel ça faisait assez longtemps que je voulais consacrer un article, les 5 Islandais qui ont fondé Of Monsters and Men en 2010. Autant prévenir tout de suite par contre, le but ici n’est pas de faire une chronologie de leurs accomplissements, concerts ou une analyse fine et technique de leur musique mais plutôt de parler de ce qu’ils m’évoquent à moi, car ce groupe tient et tiendra encore pour longtemps j’espère une place à part dans mon petit Panthéon personnel.
Je n’ai pas été immédiatement conquise par eux ceci dit, je les ai découvert à la radio à peu près en même temps que le reste du monde, lorsque Little talks a commencé à passer en boucle. Au début cette chanson me ravissait. Elle est effectivement adorable, entraînante et subtile mais elle avait attiré mon attention aussi par l’insistance avec laquelle elle passait, jusqu’à ce que ça soit précisément cette insistance qui ait raison de mon intérêt. Car oui ça ne me dérange pas du tout d’écouter une chanson 100 fois par jour pendant autant de temps qu’il ne faut mais quand quelqu’un d’autre choisit pour moi, là bizarrement ça passe moins bien.
(Je la mets quand même parce que le clip est trop magnifique et que malgré son matraquage elle est liée à trop de bons souvenirs)
Une fois l’engouement pour cette chanson passé, j’ai complètement oublié Of Monsters and Men, dont il est en fait plus que probable que je n’avais ni compris ni retenu le nom. Jusqu’à cette soirée à Budapest où une amie a mis leur alors seul album, My Head is an Animal, en fond sonore, le genre de fond auquel on est justement supposé ne pas faire très attention. Pourtant, sans trop de raison, je lui en ai prêté, de l’attention… grand bien m’en a pris, car la magie a opéré incroyablement.
Et pour cause, cet album est magnifique. Mélancolique. Joyeux. Sautillant. Enfantin. Mâture. Nouveau. Ancien. Incomparable. Animal. Profondément humain. Déprimant. Fascinant. Puissant. Léger. Profond. Ouvert. Généreux. Timide aussi. Motivant. Résonnant à tant de niveaux et répondant à tant de strates émotionnelles que ça en est presque de la magie.
Lorsque parfois un excès d’émotions, quelle que soit leur nature, me noue la gorge au point de m’empêcher de parler, j’écoute Sloom et les larmes qui ont besoin de sortir y parviennent enfin. Cette chanson me donne toujours envie de dire à ma famille que je les aime, me fait prendre conscience de la chance que j’ai de les avoir.
Lorsque je me sens d’humeur grandiose et prête à tout changer, Your Bones est plutôt motivante, elle donne à sentir la mélancolie et la liberté du grand Nord, face à ces étendues sublimes qui délivrent et qui élèvent l’âme pour peu qu’on y soit seule.
Je ne peux plus vraiment compter le nombre de fois où j’ai chanté, qui à plein poumons, qui murmuré un peu plus bas, From Finner face à un paysage magnifique alors que le bonheur et le vent me fouettaient en pleine face, car cette chanson m’aidait à avaler toute cette beauté et toute cette ivresse qui sinon étaient trop énormes pour être sereinement appréhendées.
Puis enfin un deuxième album est sorti en 2015, Beneath the Skin. A cause de ma monomaniaquerie musicale précédemment citée, je n’ai écouté que ça pendant environ 4 mois mais, loin de m’en lasser, en en appréciant encore plus chaque nouvelle écoute. Un deuxième album incroyable alors que lorsqu’on a trop aimé quelque chose le risque de déception pour la suite soit immense. Ici la dose entre connu et nouveau était parfaite, la singularité de chaque chanson et la manière dont elles se fondaient si bien dans un tout également. Et toujours cette atmosphère qui leur est si propre, si inimitable, ce mélange inexplicable avec des mots de nouveauté et d’ancien qui les rend intemporels.
(« They say : ‘Come on come on let’s go…' »)
Ces écoutes ont coïncidé avec un très beau voyage en Lettonie, Estonie et Finlande en 2015. Pas l’Islande certes mais en termes d’ambiance du Nord, ça marchait plutôt pas mal. Chaque fois que j’écoute Beneath the Skin, je revois les forêts de sapins, les rivières, les ciels nuageux, les lilas à peine éclos, la mer grise et calme, les petites maisons colorées, les rochers moussus dont je peux presque encore sentir l’odeur. La chanson Winter Sound n’en prend que plus d’ampleur et de sens. Le son de l’hiver n’a pas à être déprimant au contraire, il peut aussi être plein de vivacité, de joie et de romantisme, à l’image de cette chanson.
Je crois qu’il s’agit du seul et unique groupe dont je peux me vanter de connaître chaque album et pouvoir chanter au moins une partie de chaque chanson. Le seul groupe dont j’aime chacune des chansons de manière propre sans vouloir en oublier une seule, sans en trouver une en dessous d’une autre même si j’ai bien sûr mes favorites. Je ne les ai jamais vu en concert encore mais il me tarde, ça ne pourra qu’être une expérience qui sortira de l’ordinaire.
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