Alerte ! Cet article spoile salement et sans remord (500) days of Summer !
Ceci est le deuxième article d’une série concept nommée 31 chansons : plus d’explications ici !
Et les autres articles ici !
Je voulais absolument en commençant cette série de 31 chansons parler à un moment de l’une des chansons du film (500) days of Summer.
Ceux qui me suivent depuis quelques temps savent déjà à quel point j’aime ce film pour de multiples raisons, dont une dont j’avais déjà parlé dans mon article sur ces films d’amour qui ne sont pas des comédies romantiques.
Une autre de ces raisons est la bande originale, qui est une de mes favorites du monde mondial tellement elle est parfaite, sautillante, triste parfois, bref tout ce qu’il faut pour vivre heureux.
Le film ne parle pas de musique mais la musique y tient une place centrale, un rôle des plus intéressants et hautement symbolique.
Ça a été vraiment dur d’en choisir une seule par contre et j’ai plusieurs fois changé d’avis. Finalement peut-être que je ferais plusieurs articles sur ce film en fin de compte, après tout je fais ce que je veux !
Aujourd’hui donc la chanson Vagabond du groupe australien Wolfmother, qui fait advenir le dernier acte du film de Marc Webb.
Apparemment Marc Webb a été réalisateur de clips avant de se lancer dans le cinéma et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça se voit, ça se sent, ça transpire, ça exude dans chaque séquence musicale. Bordel, il a même été jusqu’à faire une scène de pure comédie musicale dans le plus pur style West Side Story, il me semble que ça dit tout.
Sa manière d’intégrer la musique pour refléter les états d’âme des personnages est de plus très intelligente puisqu’il utilise aussi bien la musique extra et intradiégétique dans une même chanson, pour signifier un voyage dans l’imaginaire ou au contraire un brutal retour à la réalité.
La musique intradiégétique, au cas où, c’est la musique qui vient du film. Comme dans ce cas où Tom chante bourré à la soirée karaoké de sa boîte.
La musique vient du film car dans la scène, les personnages comme les spectateurs l’entendent.
Et la musique extradiégétique c’est lorsqu’elle est juxtaposé aux images pour l’effet de mise en scène, les personnages ne l’entendent pas, contrairement au spectateur, comme dans le cas qui nous préoccupe aujourd’hui.
Ou est-ce bien si simple? Avec Marc Webb jamais et je pense parler d’une autre chanson du film pour mieux décrire ce mélange des genres et des points de vue qu’il réussit avec brio et intelligence. Ici la musique est incontestablement extradiégétique, elle accompagne un ensemble de scène, un clip show monté sur le rythme de la chanson. Mais si on y prête attention, elle débute avec Tom en train de jouer avec sa balle, totalement absent à ce qu’il fait, échoué sur son lit comme une baleine crevée sur une plage, terminant de cuver son chagrin d’amour.
Au début il se contente de la faire rebondir mollement par terre, sans rythme, en un beau symbole de la désaffection généralisée qui l’habite depuis qu’il vit enfermé chez lui, en peignoir toute la journée, au chômage et le coeur brisé.
Puis, on ne sait trop pourquoi, il fait rebondir sa balle avec de plus en plus de vigueur, le rythme s’accélère tandis que la chanson débute finalement par un rythme tranquille de batterie avant de faire intervenir le reste des instruments et la voix de Andrew Stockdale.
“Oh girl I don’t know all the reasons why
I found the answer lookin’ in your eye
I go out walking all day long
Take away this lonely man soon he will be gone
Cause I’ll tell you everything about being free
Yes I can see you girl can you see me
You don’t need to know what I do all day
It’s as much as I know watch it waste away
Cause I’ll tell you everything about being free
Yes I can see you girl can you see me”
Quelle meilleure chanson pour parler de quelqu’un qui se libère de ses propres limitations? Car c’est exactement ce qui se passe dans cette scène, où l’on suit Tom et un tout petit peu Summer, dont en un plan en split screen. Tom se relève, littéralement et métaphoriquement et reprend sa vie professionnelle en main. Summer se libère de ses croyances négatives et de ses doutes concernant l’amour puisqu’on assiste à son mariage.
(Quant à savoir si le mariage est effectivement une libération ou plutôt un enfermement… je vous laisse juge !)
Tom commence par nettoyer son tableau noir qui occupe tout un mur de son appartement (qu’est-ce que j’adorerais avoir ça chez moi…) puis se redécouvre une passion pour le dessin d’architecture à la craie. Il passe tout son temps à la bibliothèque à dévorer des livres sur le sujet ou dehors à dessiner la ville depuis des points de vue stratégique, son casque sur les oreilles, enfin plus en paix avec lui-même.
Puis vient le temps des entretiens d’embauche, son tableau noir se transforme en tableau Excel alors qu’il barre méthodiquement les noms des cabinets d’architecte qui lui répondent négativement.
Dans les quelques plans consacrés à Summer, on la voit qui se prépare pour le grand jour, enfile sa robe, abaisse son voile sur son visage, rit et pleure de joie, se fait enfin soulever ce même voile par des mains masculines non identifiées, des étoiles dans les yeux.
(De l’inconvénient de l’analyse : on remarque que cette scène qui montre le désir d’accomplissement des personnages prendre forme fait la part belle à la supposée différence des visions masculines et féminines. L’homme s’accomplit dans le travail, la femme dans le mariage *TOUSSE TOUSSE*. Heureusement que le reste du film contredit cette idée rétrograde. Fin de la parenthèse)
Nous sommes donc fin prêts pour l’attaque du final, celle des explications adultes et rationnelles, de la vraie discussion, celle où ils seront enfin sincères l’un avec l’autre grâce au recul et aux sentiments et aux émotions qui ne sont plus aussi bouillants.
Cette scène et donc cette chanson me filent toujours une pêche d’enfer. C’est ma chanson de remise sur pied, ma chanson de l’énergie retrouvée, de la motivation pour avaler le monde.
Et c’est à ce film que je la dois, elle et bien d’autres qui continuent de m’accompagner, comme des bons génies que l’on peut appeler à l’aide et qui ne nous font jamais défaut.