« O Children », Nick Cave and the Bad Seeds – Harry Potter et les Reliques de la Mort partie I

Alerte ! Cet article spoile salement et sans remord Harry Potter en général et la première partie des Reliques de la Mort en particulier !

Ceci est le cinquième article d’une série concept nommée 31 chansons : plus d’explications ici !

Et les autres articles ici !

 

À l’occasion de la sortie des Crimes de Grindelwald, j’éprouve, comme sans doute beaucoup de gens, l’envie de me replonger dans le monde de Harry Potter.

Je suis née en 1989, j’avais donc 9 ans lors de la date de sortie de Harry Potter à l’école des sorciers. J’ai commencé à les lire à peu près autour de la sortie du Prisonnier d’Azkaban, donc au moment où on commençait à parler à tâtons de phénomène littéraire mais qu’on était encore à des lieux de s’imaginer qu’il allait muter en gigantesque phénomène de société.

J’avais 10 ou 11 ans, j’étais donc une de ces personnes chanceuses qui avaient exactement le même âge que le héros et qui ont grandi avec lui au rythme des publications annuelles. Et c’était absolument extraordinaire, cette attente, ce suspense, tous ces pré-ados et plus vieux qui se retrouvaient dans les librairies tous les ans pour acheter les premiers le livre, un chapeau pointu sur la tête (je ne l’ai jamais fait mais je suis sûre que j’aurais adoré l’expérience !), toute cette ferveur générale autour de livres pour enfants bordel, je crois qu’on avait jamais vu ça !

Et quand les films ont commencé à sortir, rebelote, la ferveur, l’attente, les informations qui tombaient au compte goutte (je rappelle même si ça me fait frissonner qu’Internet n’en était encore qu’à ses débuts). Je me souviens de la tristesse quand le dernier livre est sorti mais bon, à ce moment, on pouvait encore se consoler en attendant les films. Et puis un jour les films aussi se sont arrêtés et je ne pense pas non plus parler seulement pour moi en disant que nous avons été nombreux à le vivre comme un deuil.

On fait revivre tout ça bien sûr, par les sites, les forums, les fanfics. Ça n’est pas tout à fait pareil mais c’est tout de même très bien.

Et maintenant depuis deux ans on retrouve l’univers étendu, plus mature, plus sombre, exactement ce que nous les pré-trentenaires ayant grandi avec Harry Potter avions besoin. La liesse !

(Normalement vous avez perdu 1/10ème à chaque oeil là)

J’avais ajouté cette chanson à ma liste des 31 chansons de films que je voulais chroniquer pour le cas où cette envie de revivre ces moments viendrait. Cette chanson c’est “O Children” de Nick Cave and the Bad Seeds, bien sûr.

(On est à un Leonard Cohen et demi sur l’échelle de la gaité et de l’optimisme)

Je ne connaissais ni ce groupe ni cette chanson lorsqu’elle est apparue dans le film et je pense que ça a été un choc pour pas mal de gens d’entendre ça dans Harry Potter. Ce n’est pas une franchise qui nous avait habitué à enchaîner les tubes puisqu’elle reposait surtout sur des bandes-sons écrites exprès par des compositeurs, avec donc une empreinte sonore reconnaissable entre mille.

La première partie des Reliques de la Mort n’est pas mon Harry Potter favori mais je le trouve extrêmement atypique dans sa narration, qui diffère grandement des films précédents. Il est construit sur le modèle des road-movies et se passe pour la première fois de la saga hors des murs rassurants de Poudlard.

Dans ce film, les personnages en errance à la recherche des Horcruxes vont mettre à rude épreuve les liens qui les unissent, le tout dans un monde de sorciers conscients d’être en guerre, ce qui donne à ce film un ton et une atmosphère extrêmement sombres et dénués d’espérance, quasi apocalyptique.

Le réalisateur David Yates a pris le meilleur parti de l’esthétique rétro du monde sorcier pour glisser plein de références à des films de guerre, notamment ceux sur la Seconde Guerre Mondiale, avec les personnages écoutant anxieusement la liste des tués du jour sur une vieille radio pourrie, dormant dans une tente en toile crade et subissant les “bombardements” des Mangemorts.

(Si vous ne savez pas quoi faire de votre dimanche après midi, allez taper « Harry Potter » sur Giphy. De rien)

L’un des moments les plus dramatiques du film arrive lorsque Ron, rendu fou par le pouvoir malfaisant de l’horcruxe, décide de déserter après s’être persuadé que Hermione, dont il est fou amoureux, le délaisse au profit de Harry. La scène où il leur claque la porte au nez, les yeux cernés, le dos voûté et le regard vengeur et la façon dont Harry et Hermione le regardent partir sans savoir quoi faire pour le retenir est probablement la plus émotionnellement forte et terrible du film.

C’est le coeur encore lourd de son départ que Harry et Hermione, décidant de s’accorder une petite pause au milieu de ce champ de bataille qu’est devenu leur vie, se lancent dans ce que le Youtubeur ciné Durendal a appelé “la danse du Xanax” avec le sens de l’à-propos qui le caractérise, alors que la chanson de Nick Cave se fait entendre dans leur petit poste de radio.

Comme souvent, la scène joue entre musique intra et extra diégétique. Alors que le son de la radio est bas et crachotant, la musique les enveloppe peu à peu alors qu’ils dansent ensemble et finit par englober tout l’espace alors qu’ils parviennent, ne serait-ce que le temps d’une chanson, à s’amuser tous les deux et à oublier la lourdeur de leur quotidien et des enjeux qu’ils portent sur leurs épaules d’écoliers de 17 ans.

La chanson ne respire effectivement pas l’allégresse (disons pudiquement qu’on a connu mieux), la scène en elle-même c’est bof également mais, je ne sais pas, quelque chose se passe pourtant. Ces deux déprimes se rejoignent et finissent par générer quelque chose de nouveau. Ce quelque chose, c’est de la beauté et de l’espoir, l’espoir qui peut renaître dans le coeur de deux amis qui savent, en dépit de tout, qu’ils peuvent encore compter l’un sur l’autre pour se donner le sourire. Et ce que c’est beau…

Voilà, maintenant qu’on s’est bien remémoré, qu’on a bien chialé et qu’on s’est rappelé que, au final, ça finit bien, que Voldemort meurt et que Ron finit par embrasser la fille qu’il aime dans une chambre souterraine glauque, on peut refermer ce chapitre de nos vies. Continuer d’écouter Nick Cave and the Bad Seeds parce que cette voix et ces chansons remuent beaucoup trop en dedans. Et profiter de l’univers étendu parce que, finalement, et si tout ne faisait que commencer?

(Vers l’infini et au… pardon, mauvaise franchise)

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