Ce n’est pas la faute des femmes si elles sont moins payées, jamais

Depuis quelques temps j’entends souvent que, si les femmes sont moins payées que les hommes, c’est parce qu’elles osent moins demander des augmentations, qu’elles attendent d’être sûres d’avoir 100% des compétences requises pour candidater à un poste alors que les hommes se satisfont d’être nuls à 54% pour le poste brigué, qu’elles négocient moins efficacement leur rémunération à l’embauche.

Et qu’elles ont d’excellentes raisons de faire tout cela, la faute à l’éducation différenciée, au fait qu’elles se font traiter de harpies si elles ouvrent la bouche depuis toujours et qu’elles n’ont globalement aucune confiance en leurs capacités parce qu’on les a dénigré et étouffé dans l’oeuf depuis environ le moment où on sait qu’elles n’auront pas de zizi alors qu’elles flottent encore pépères dans le liquide amniotique sans se préoccuper de la balance du commerce extérieur.

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Les femmes chez François Bourgeon, partie III : Cyann du Cycle de Cyann

Cet article est la troisième et dernière partie d’un triptyque concernant les héroïnes de l’auteur de BD François Bourgeon. Ils peuvent se lire indépendamment les uns des autres mais, au cas où, la première partie est ici et la deuxième ici !

Il y a un max de spoilers… vous êtes prévenus !

 

J’ai mis un grand moment avant d’oser me lancer dans la rédaction de cet article. Mais pas parce que je n’avais pas envie ou parce que j’aime moins Cyann et la BD qui raconte ses aventures, loin de là.

C’est surtout parce que de toutes les sagas de François Bourgeon, c’est celle que j’ai le moins eu l’occasion de lire, poncer et méditer. J’ai beaucoup lu le premier et le deuxième tome, un peu moins le troisième faute de l’avoir facilement sous la main et tout est allé de mal en pis. Donc si des fans hardcore passent par là, je préfère prévenir que mon analyse sera par défaut (croyez bien que je le regrette) plus concentrée sur La sOurce et la sOnde, Six saisons sur ilO et un peu Aïeïa d’Aldaal, avec aussi quelques souvenirs épars des tomes suivants.

Et aussi parce que cette BD est si riche que c’est un énorme morceau, j’ai par conséquent  eu beaucoup de mal à savoir par où l’attraper. Mais bref.

Dans cette BD que Bourgeon a réalisé en compagnie de Claude Lacroix au scénario, changement de registre total : finies les sagas historiques en costume, finis le XVIIIème siècle et le Moyen-Âge, place à la science-fiction et au space opera.

Ce n’est pas un genre que j’apprécie d’ordinaire et quand j’ai commencé Le Cycle de Cyann au lycée, ça aurait pu me rebuter. C’était sans compter le génie de Bourgeon et de son acolyte évidemment qui semblaient décidés à me convaincre à quel point je me fourvoyais en cantonnant la science-fiction aux univers type Star Wars ou Blade Runner, futuristes, ultra mécanisés, froids, sombres et durs.

Le premier tome se situe sur la planète Ohl, dans une galaxie lointaine, très lointaine. Dans ce monde à la technologie très avancée, on a pourtant toujours cultivé un sens du beau très lié à la nature et aux éléments. Les gadgets les plus technologiques ressemblent à de l’Art Nouveau et l’architecture incorpore la jungle de la façon la plus élégante et délirante. Il m’arrive souvent de repenser à Ohl lorsque je me prends à réfléchir au moyen de faire revenir la nature dans la ville, à un progrès technologique qui ne serait pas aussi néfaste pour l’environnement que celui que nous voyons encore comme seul horizon possible.

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Les femmes chez François Bourgeon, partie II : Mariotte, Les Compagnons du Crépuscule

Cet article est la deuxième partie d’un triptyque concernant les héroïnes de l’auteur de BD François Bourgeon. Ils peuvent se lire indépendamment les uns des autres mais, au cas où, la première partie est ici !

Il est possible qu’il y ait des spoilers… faites en ce que vous voulez !

 

Les Compagnons du Crépuscule fait partie du cercle pas si fermé des BDs que je relis très très régulièrement, je dirais environ 3 fois par an quand je rentre chez mes parents. Ça serait peut-être bien plus fréquemment si je les avais sous la main en permanence.

Aujourd’hui j’aimerais vous parler de son personnage féminin principal, la Mariotte. Mais avant, une introduction est nécessaire, pour tenter maladroitement de vous expliquer à quel point cette BD est extraordinaire dans absolument tous les sens du terme et parce qu’un brin de contextualisation est nécessaire.

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Je l’ai lu un peu plus tard que les Passagers du vent, qui a été ma porte d’entrée vers l’oeuvre de François Bourgeon. J’avais je crois entre 17 et 19 ans. Et, quelque part, heureusement que je n’ai pas commencé par celle-ci parce qu’elle est d’une telle densité émotionnelle, d’une telle richesse réflexive (on peut relire les histoires 100 fois et toujours découvrir un nouveau sens, une nouvelle piste, relier de nouveaux points) et d’une telle complexité qu’elle est effectivement un peu rude à appréhender au premier abord (même au second, en fait).

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Les femmes chez François Bourgeon, partie I : Isa, Les Passagers du vent

Ces derniers temps, j’ai souvent écouté des podcasts ou vu des vidéos où des femmes comme des hommes étaient amenés, que ce soit au hasard d’une question ou carrément le thème principal, à parler des modèles qui les avaient aidé à façonner leur vision de la masculinité ou de la féminité, que ce soit en bien ou en mal.

Ces questions sont effectivement passionnantes car même la réponse la plus bateau ou attendue révèle toujours quelque chose de notre culture, de notre génération, de notre rapport aux images et à notre société. Les personnages de films, de série, de livre, de BD ou autres qui nous ont fasciné pendant notre enfance, notre adolescence ou à l’âge adulte, plus ou moins profondément et pas pour les mêmes raisons selon notre âge, nous ont marqué à vie quoi qu’il en soit. Il est toujours intéressant d’entendre ce que les autres ont à en dire.

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(Mon cobaye du jour)

J’ai noté une récurrence incroyablement persistante des princesses Disney parmi ces modèles adulés, ce qui n’est en rien un hasard. Le rouleau compresseur de la firme aux oreilles de souris est si incroyablement puissant qu’il a façonné notre imaginaire et continuera sans doute longtemps à le faire de par son hégémonie dans le paysage du divertissement. Et il est donc bon de voir qu’il sait aussi s’adapter au temps et offrir aux petites filles surtout mais aussi aux petits garçons des modèles autres que celui de la gentille neuneu qui parle aux animaux en espérant qu’un jour son pot de fleur princier viendra la sauver de ce monde tout pourri.

(Évidemment que je caricature… c’est pour l’intérêt dramatique)

Je ne jurais moi-même que par Mulan quand j’avais 8 ou 9 ans (même bien après !) et je peux voir aujourd’hui quelle figure positive pour l’affirmation de soi elle a été dans ma vie. Mais trêve de Disney, aujourd’hui je vais parler d’une autre influence, un peu plus confidentielle celle-ci mais qui n’en a pas moins façonné ma façon d’envisager la féminité de façon un peu plus ouverte et plurielle.

(Ça c’est juste pour kiffer un coup)

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Le miracle de l’amitié féminine

Note : j’inaugure ici une nouvelle série d’articles consacrés à l’amitié, que j’avais déjà un peu traité sur ce blog, le moment est venu pour se lancer !

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’amitié féminine ne va pas de soi.

On pourrait se dire que ce qui ne va pas de soi devrait plutôt être l’amitié entre une femme et un homme, qui ne saurait exister car le désir de l’un ou de l’autre finirait fatalement par s’imposer et corrompre ce sentiment au départ supposé pur. Pourtant la friendzone existe aussi entre filles si les orientations sexuelles, les sentiments ou les attirances divergent.

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Daria et Jane ont été très en avance sur leur temps dans presque tout

Cette porte ouverte enfoncée, abordons le cas ici de l’amitié qui peut exister entre deux femmes hétérosexuelles ou aux orientations sexuelles différentes mais où l’attirance ne joue aucun rôle : pour que celle-ci puisse naître, se développer et se fortifier, il faudra tout d’abord avoir fait la paix avec les différentes représentations culturelles de l’amitié féminine et les nombreuses injonctions contradictoires qui en découlent.

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Les Injonctions Contradictoires #3 : le paradoxe de la salope

Ci-joint ma chronique pour le Tafeur, magazine musical de la région Montpellieraine paru le 27 juin, destinée à paraître tous les deux mois.

S’il y a bien un domaine dans lequel les injonctions contradictoires sont légion alors qu’on est pourtant supposés y être à peu près tranquilles (et d’une!), c’est bien la sexualité. Nous sommes plus que jamais encouragés, ou devrais-je dire harcelés à nous épanouir, à respirer le bonheur, à l’exhaler par tous les pores et cela passe nécessairement par une sexualité débridée.

Débridée oui car apparemment se contenter de baiser en missionnaire une fois par mois avec un seul partenaire et s’en porter très bien vous étiquèterait automatiquement comme personne très ennuyeuse, tous genres et sexualités confondus.

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Girls : c’est la fin

SPOILER ALERT : CET ARTICLE PARLE DE TOUTES LES SAISONS DE GIRLS, LA DERNIÈRE INCLUSE DONC SI VOUS N’ÊTES PAS À JOUR ET QUE VOUS VOULEZ GARDER LA SURPRISE, MERCI DE NE PAS LIRE

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Lundi dernier, le dixième épisode de la sixième saison de Girls, la série de Lena Dunham produite par Judd Apatow pour HBO, a été diffusé. Ça n’était pas seulement le dernier épisode de la saison mais celui de la série, puisque la sixième saison en marque la fin. Cette situation me rend à la fois triste et ravie : triste car c’est toujours difficile de dire au revoir à une série qu’on a aimé, que dans mon cas je suis scrupuleusement depuis la saison 1. Ravie au contraire de voir que les créateurs ont su s’arrêter à temps, ont résisté à la tentation de tirer sur la corde encore et encore, comme tant de séries avant elle qui ont fini par nous dégoûter à force de se répéter. Oui How I met your mother, c’est à toi que je parle. Entre autres.

J’imagine que c’est le grand avantage d’avoir profité d’un succès d’estime davantage que d’audience, on n’a pas trop les producteurs sur le dos, que ça soit dans un sens ou dans un autre, ça doit rendre beaucoup plus libre créativement.

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Girlfriend

J’ai très exactement 13 jours, 6 heures et 27 minutes de musique stockée sur mon ordinateur. Ça doit sans doute paraître un peu vieux jeu à l’heure de Spotify et des playlists encore plus dématérialisées que celle-ci mais je dois avouer que le fait de l’avoir sous la main sans connexion me fait du bien, comme si ça me rassurait de savoir qu’elle était là. Pour le coup c’était encore plus rassurant avant, quand elle était là sous forme de cartons remplis de CDs gravés. Ouais non, ça prenait trop la poussière et ce n’était tout de même pas bien pratique. On n’emporte pas 15 kilos de CDs à chaque déménagement, sans compter la chaîne hi-fi.

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(Enfin si mais bon)

Du coup, je n’ai pas vraiment fait le tri dans tout ce que j’ai gardé depuis ma prime adolescence, qui a coïncidé avec l’émergence du peer-to-peer et du téléchargement illégal. Je sais qu’il y a sans doute beaucoup de cette musique qui ne correspond plus vraiment à mes goûts d’aujourd’hui, maintenant que mon oreille s’est affinée et que je n’accepte plus la même soupe qu’autrefois. Cette musique que l’on peut qualifier de honteuse, je la garde tout de même et elle m’écorche parfois le crâne lorsqu’elle s’invite en mode aléatoire, entre du Doom metal et de la musique traditionnelle cap-verdienne (ma dernière tocade en date).

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Maïa Mazaurette ou de l’aliénation

Je viens de terminer La coureuse de Maïa Mazaurette. C’était un livre qui attisait ma curiosité environ depuis sa sortie, en 2012.

Il faut savoir que depuis très longtemps, je suis les activités de cette femme de plus en plus près au fil du temps. Pour celles et ceux qui auraient la chance de n’avoir jamais entendu parler d’elle et donc d’avoir tout à découvrir, il s’agit typiquement de ce genre de personne dont on peut se demander, mi envieuse mi inquiète, quand trouve-t-elle le temps pour dormir. Dont on se dit pour excuser sa propre paresse que ses journées font très probablement 50 heures et que, comme les chats, elle possède 9 vies, dont environ 6 sont déjà passées à l’as.

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Le plus sûr des abris

« Le petit toit que forment les livres lorsqu’on les entrouvre, tranche tournée vers le ciel, est le plus sûr des abris » Chantal Thomas

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Cette phrase, Mona, vous la citez dans l’introduction de votre livre Chez soi : une odyssée de l’espace domestique, en espérant que vos futurs lecteurs y trouvent « un abri de cette sorte ». Outre qu’elle est sublime, elle montre à la perfection ce que ce livre, le vôtre, a représenté et représente toujours pour moi. J’espère que ça ne vous dérange pas que je vous appelle Mona. Je sais bien que cela peut donner l’impression que les choses vont un peu trop vite entre nous, après tout vous ne me connaissez pas. Mais moi si. Enfin, peut-être. Je connais ce que vous voulez bien dire de vous dans vos livres, vos articles, votre fil Facebook ou celui de Twitter. Non je ne vous espionne pas (ou si mais en tout bien tout honneur, il faut me croire). Mais dans vos livres, vos articles du Monde Diplomatique, par les livres que vous aimez, et bien sûr votre site Périphéries, vous vous racontez. Les articles que vous repostez sur les réseaux sociaux parlent aussi de vous et de ce qui attire votre attention. Et… comment vous le dire ? J’adore cela. J’adore saisir les petits ou gros morceaux de vous que vous offrez tout sauf négligemment à notre curiosité. C’est aussi grâce à cela que vos livres peuvent avoir cette importance, ce retentissement, cet écho en chacun de nous.

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