« I stand for CEU » ou l’éclatement de la bulle

« A CEUval vagyok »

Depuis des jours, bientôt des semaines, mon flux Facebook bruisse de ces quelques mots. Bruisse ou plutôt hurle. C’est que ce qu’il se passe est grave, je ne vous ferais pas l’affront de vous l’expliquer, on l’a déjà beaucoup fait et bien fait ici, ici, ici, ici ou encore ici ou ici. Il se trouve que le sujet me touche, donc je voulais en parler ici.

J’ai vécu 3 ans en Hongrie, à Budapest. Cette ville, ce pays, ses habitants, quelle que soit leur nationalité par ailleurs, m’ont beaucoup marqué. Ça n’a pas été sans regrets et sans tergiversations que j’en suis partie d’ailleurs. Des tergiversations qui se poursuivent encore aujourd’hui parfois, dans les moments de mou, ceux où l’on se demande pourquoi on en est là aujourd’hui, et comment, et pourquoi, et si les choses avaient été différentes ? On peut se poser ces questions ad nauseam et il est bon de ne pas trop s’y attarder, souvent.

17971983_10210543597281112_984149490586427228_o

(Photos: Index.hu)

Il n’empêche. Budapest et la Hongrie ont été ma maison pendant ces 3 années, j’y ai tissé des liens qui ne se rompront jamais, même s’ils peuvent se faire ténus au fil du temps. Je n’y peux rien, j’y suis liée, j’ai laissé là-bas une grosse partie de moi. Voilà pourquoi ce qu’il s’y passe me touche autant que ce qui se passe en France. Je comprends grâce à cela que l’on n’a pas qu’une maison, qu’on peut en avoir plusieurs, suivant les fondations que l’on y creuse parfois sans y prendre garde.

Lire la suite

Pour quelques raisons inexplicables

Je ne sais pas s’il vous est déjà arrivé, en regardant un film ou une série, de vous demander si lorsqu’il a été tourné, quelqu’un n’avait pas posé une caméra sur votre tête sans que vous ne vous en rendiez compte.

964145_598019526898774_45724313_o

Je suppose que cela nous arrive tous à des degrés divers. Le cinéma, l’art en général, est une affaire d’identification, sans quoi on peut douter que nous puissions y être aussi sensibles. Idéalement il faudrait à la fois se reconnaître et se faire secouer, c’est à cela qu’on reconnaît une œuvre réussie, créer un espèce de miroir où l’on pourrait ne pas trop avoir envie de se voir et pourtant se précipiter dedans, tête baissée (cette image est vraiment trop douloureuse, pardon).

D’ailleurs dans la plupart des films tout est fait pour qu’on puisse s’identifier au maximum (surtout si on est un mec-cis-hétéro-blanc-valide, mais ça n’est pas le sujet). Personnellement ça marche souvent si bien qu’on se retrouve à s’identifier au suricate qui surveille la savane dans les documentaires animaliers, en ayant très peur de se faire dévorer. Cependant aucun film n’avait jusque-là porté mon potentiel d’identification personnel à un tel degré d’absurdité.

Lire la suite

Chère Budapest

urodziny-170

Margit híd au crépuscule

Regarde, je suis revenue ! Je sais, je ne suis pas partie depuis si longtemps, si ça se trouve je n’ai même pas eu le temps de te manquer. Que sont 4 petits mois dans la vie si riche et mouvementée d’une vieille et belle dame comme toi ? Pourtant, quand je suis arrivée l’autre jour, tu n’étais pas en beauté pour m’accueillir. Tu t’es présentée à moi au contraire encore toute ronchonne et pluvieuse de tes mois d’hiver, sans aucun égard pour celle qui revenait tout juste du chaud été de l’hémisphère Sud.  Assez vite, en montant dans le bus 200 E qui m’amenait dans le centre, je me suis sentie comme si je venais d’entrer dans une pièce qui n’avait pas été aérée depuis trop longtemps. Une pièce confortable et douillette mais dont l’atmosphère est désormais incommodante pour qui vient d’aspirer l’air frais du dehors. Je revenais du dehors et l’odeur de renfermé m’a frappé. J’ai observé les visages dans l’autobus, tous aussi fatigués et rincés que toi et j’ai eu comme un haut le cœur. La semaine que je m’apprêtais à passer avec toi m’a soudain paru bien plus longue que les 6 jours qui la composaient.

Lire la suite