Les femmes chez François Bourgeon, partie III : Cyann du Cycle de Cyann

Cet article est la troisième et dernière partie d’un triptyque concernant les héroïnes de l’auteur de BD François Bourgeon. Ils peuvent se lire indépendamment les uns des autres mais, au cas où, la première partie est ici et la deuxième ici !

Il y a un max de spoilers… vous êtes prévenus !

 

J’ai mis un grand moment avant d’oser me lancer dans la rédaction de cet article. Mais pas parce que je n’avais pas envie ou parce que j’aime moins Cyann et la BD qui raconte ses aventures, loin de là.

C’est surtout parce que de toutes les sagas de François Bourgeon, c’est celle que j’ai le moins eu l’occasion de lire, poncer et méditer. J’ai beaucoup lu le premier et le deuxième tome, un peu moins le troisième faute de l’avoir facilement sous la main et tout est allé de mal en pis. Donc si des fans hardcore passent par là, je préfère prévenir que mon analyse sera par défaut (croyez bien que je le regrette) plus concentrée sur La sOurce et la sOnde, Six saisons sur ilO et un peu Aïeïa d’Aldaal, avec aussi quelques souvenirs épars des tomes suivants.

Et aussi parce que cette BD est si riche que c’est un énorme morceau, j’ai par conséquent  eu beaucoup de mal à savoir par où l’attraper. Mais bref.

Dans cette BD que Bourgeon a réalisé en compagnie de Claude Lacroix au scénario, changement de registre total : finies les sagas historiques en costume, finis le XVIIIème siècle et le Moyen-Âge, place à la science-fiction et au space opera.

Ce n’est pas un genre que j’apprécie d’ordinaire et quand j’ai commencé Le Cycle de Cyann au lycée, ça aurait pu me rebuter. C’était sans compter le génie de Bourgeon et de son acolyte évidemment qui semblaient décidés à me convaincre à quel point je me fourvoyais en cantonnant la science-fiction aux univers type Star Wars ou Blade Runner, futuristes, ultra mécanisés, froids, sombres et durs.

Le premier tome se situe sur la planète Ohl, dans une galaxie lointaine, très lointaine. Dans ce monde à la technologie très avancée, on a pourtant toujours cultivé un sens du beau très lié à la nature et aux éléments. Les gadgets les plus technologiques ressemblent à de l’Art Nouveau et l’architecture incorpore la jungle de la façon la plus élégante et délirante. Il m’arrive souvent de repenser à Ohl lorsque je me prends à réfléchir au moyen de faire revenir la nature dans la ville, à un progrès technologique qui ne serait pas aussi néfaste pour l’environnement que celui que nous voyons encore comme seul horizon possible.

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Mes kiffs de septembre et octobre

Vers la mi-septembre, j’ai commencé à écrire une fois par semaine des choses que j’avais aimé à ce moment. C’est à force d’écouter le podcast Laisse-moi kiffer de Madmoizelle.com, qui est maintenant passé en hebdomadaire récemment, ce qui aurait pu être un kif de cette liste.

L’écouter à chaque sortie me rend hilare pour la journée et j’ai toujours un peu hâte grâce à lui que le mercredi arrive car les gens qui le peuplent sont tous à la fois intéressants et totalement délirants. J’aime cette idée que chacun des participants vienne chaque épisode avec un mini-kif et un gros kif qu’ils présentent à nos oreilles alertes.

À force, ça m’a fait moi aussi me demander plus régulièrement quels étaient mes kiffs, culturels c’est sûr mais aussi de vie plus généraux, mes kiffs du quotidien. Et j’ai, comme souvent une fois que ces idées me viennent en tête, eu envie d’en faire quelque chose et ce quelque chose se matérialise souvent en article de blog.

Aucune idée si ce sera une série (j’en ai déjà pas mal en cours mais il ne faut pas avoir peur d’abuser des bonnes choses) mais j’attendais avec impatience de pouvoir m’y mettre après les avoir amassé comme un écureuil en prévision de l’hiver.

Voici donc ce que j’ai kiffé depuis mi-septembre, que des kifs également bienfaisants à des niveaux différents !

 

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Les femmes chez François Bourgeon, partie II : Mariotte, Les Compagnons du Crépuscule

Cet article est la deuxième partie d’un triptyque concernant les héroïnes de l’auteur de BD François Bourgeon. Ils peuvent se lire indépendamment les uns des autres mais, au cas où, la première partie est ici !

Il est possible qu’il y ait des spoilers… faites en ce que vous voulez !

 

Les Compagnons du Crépuscule fait partie du cercle pas si fermé des BDs que je relis très très régulièrement, je dirais environ 3 fois par an quand je rentre chez mes parents. Ça serait peut-être bien plus fréquemment si je les avais sous la main en permanence.

Aujourd’hui j’aimerais vous parler de son personnage féminin principal, la Mariotte. Mais avant, une introduction est nécessaire, pour tenter maladroitement de vous expliquer à quel point cette BD est extraordinaire dans absolument tous les sens du terme et parce qu’un brin de contextualisation est nécessaire.

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Je l’ai lu un peu plus tard que les Passagers du vent, qui a été ma porte d’entrée vers l’oeuvre de François Bourgeon. J’avais je crois entre 17 et 19 ans. Et, quelque part, heureusement que je n’ai pas commencé par celle-ci parce qu’elle est d’une telle densité émotionnelle, d’une telle richesse réflexive (on peut relire les histoires 100 fois et toujours découvrir un nouveau sens, une nouvelle piste, relier de nouveaux points) et d’une telle complexité qu’elle est effectivement un peu rude à appréhender au premier abord (même au second, en fait).

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Les femmes chez François Bourgeon, partie I : Isa, Les Passagers du vent

Ces derniers temps, j’ai souvent écouté des podcasts ou vu des vidéos où des femmes comme des hommes étaient amenés, que ce soit au hasard d’une question ou carrément le thème principal, à parler des modèles qui les avaient aidé à façonner leur vision de la masculinité ou de la féminité, que ce soit en bien ou en mal.

Ces questions sont effectivement passionnantes car même la réponse la plus bateau ou attendue révèle toujours quelque chose de notre culture, de notre génération, de notre rapport aux images et à notre société. Les personnages de films, de série, de livre, de BD ou autres qui nous ont fasciné pendant notre enfance, notre adolescence ou à l’âge adulte, plus ou moins profondément et pas pour les mêmes raisons selon notre âge, nous ont marqué à vie quoi qu’il en soit. Il est toujours intéressant d’entendre ce que les autres ont à en dire.

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(Mon cobaye du jour)

J’ai noté une récurrence incroyablement persistante des princesses Disney parmi ces modèles adulés, ce qui n’est en rien un hasard. Le rouleau compresseur de la firme aux oreilles de souris est si incroyablement puissant qu’il a façonné notre imaginaire et continuera sans doute longtemps à le faire de par son hégémonie dans le paysage du divertissement. Et il est donc bon de voir qu’il sait aussi s’adapter au temps et offrir aux petites filles surtout mais aussi aux petits garçons des modèles autres que celui de la gentille neuneu qui parle aux animaux en espérant qu’un jour son pot de fleur princier viendra la sauver de ce monde tout pourri.

(Évidemment que je caricature… c’est pour l’intérêt dramatique)

Je ne jurais moi-même que par Mulan quand j’avais 8 ou 9 ans (même bien après !) et je peux voir aujourd’hui quelle figure positive pour l’affirmation de soi elle a été dans ma vie. Mais trêve de Disney, aujourd’hui je vais parler d’une autre influence, un peu plus confidentielle celle-ci mais qui n’en a pas moins façonné ma façon d’envisager la féminité de façon un peu plus ouverte et plurielle.

(Ça c’est juste pour kiffer un coup)

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Ode aux mangas

Je n’en ai pour le moment pas (tellement) parlé ici, mais ça vient. J’aime les BDs. Vraiment beaucoup. Pour dire la vérité c’est l’une des choses qui me manquent le plus de la France, car la vie assez facétieuse a fait que je me suis quasiment toujours posée dans des endroits où la culture BD était inexistante ou au moins pauvre. Dans la plupart des pays de l’Est de l’Europe, les dessinateurs ou auteurs fans de ce moyen d’expression ont souvent trouvé asile en France ou en Belgique pour vivre de leur passion. Ici au Portugal, ça bouge un peu plus, timidement et en mode plutôt souterrain, moins qu’en Espagne par exemple mais c’est déjà quelque chose.

Pourtant il y a bien une certaine forme de bande-dessinée qui cartonne (tu l’as?) dans ces différents pays, qui a sans doute amené à la BD un public qu’on n’attendait pas, tout comme en France malgré le fait qu’elle soit pourtant si ancrée de base dans la culture littéraire. Nous avons donc tous en commun un grand intérêt voir amour pour une forme de BD qui vient de très loin.

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Saiyuki, de Kazuya Minekura

Je veux bien évidemment parler des mangas.

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Dans le cerveau de Julia Wertz

Délaissons un peu l’angoisse pour aujourd’hui, voulez-vous ?

« J’aimerais vraiment bien un jour être capable de voir à l’intérieur de ton cerveau. Tu es un peu comme une machine ultra perfectionnée qui aurait des piles usagées. »

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(Couverture américaine de Drinking at the movies, d’où viennent toutes les images suivantes)

Cette phrase est prononcée par un des amis de Julia alors qu’ils boivent tous les deux dans leur bar habituel. S’en suivra vraisemblablement la biture habituelle qui poussera cette personne étrange qu’est Julia Wertz à se réveiller en pyjama à 4h du matin dans une laverie automatique, le jour de ses 25 ans, sans aucune idée ou vague souvenir de l’enchaînement d’évènements forcément étranges qui l’ont poussé là.

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Maïa Mazaurette ou de l’aliénation

Je viens de terminer La coureuse de Maïa Mazaurette. C’était un livre qui attisait ma curiosité environ depuis sa sortie, en 2012.

Il faut savoir que depuis très longtemps, je suis les activités de cette femme de plus en plus près au fil du temps. Pour celles et ceux qui auraient la chance de n’avoir jamais entendu parler d’elle et donc d’avoir tout à découvrir, il s’agit typiquement de ce genre de personne dont on peut se demander, mi envieuse mi inquiète, quand trouve-t-elle le temps pour dormir. Dont on se dit pour excuser sa propre paresse que ses journées font très probablement 50 heures et que, comme les chats, elle possède 9 vies, dont environ 6 sont déjà passées à l’as.

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Le plus sûr des abris

« Le petit toit que forment les livres lorsqu’on les entrouvre, tranche tournée vers le ciel, est le plus sûr des abris » Chantal Thomas

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Cette phrase, Mona, vous la citez dans l’introduction de votre livre Chez soi : une odyssée de l’espace domestique, en espérant que vos futurs lecteurs y trouvent « un abri de cette sorte ». Outre qu’elle est sublime, elle montre à la perfection ce que ce livre, le vôtre, a représenté et représente toujours pour moi. J’espère que ça ne vous dérange pas que je vous appelle Mona. Je sais bien que cela peut donner l’impression que les choses vont un peu trop vite entre nous, après tout vous ne me connaissez pas. Mais moi si. Enfin, peut-être. Je connais ce que vous voulez bien dire de vous dans vos livres, vos articles, votre fil Facebook ou celui de Twitter. Non je ne vous espionne pas (ou si mais en tout bien tout honneur, il faut me croire). Mais dans vos livres, vos articles du Monde Diplomatique, par les livres que vous aimez, et bien sûr votre site Périphéries, vous vous racontez. Les articles que vous repostez sur les réseaux sociaux parlent aussi de vous et de ce qui attire votre attention. Et… comment vous le dire ? J’adore cela. J’adore saisir les petits ou gros morceaux de vous que vous offrez tout sauf négligemment à notre curiosité. C’est aussi grâce à cela que vos livres peuvent avoir cette importance, ce retentissement, cet écho en chacun de nous.

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