« Space Oddity », David Bowie – C.R.A.Z.Y

Alerte ! Cet article spoile salement et sans remord C.R.A.Z.Y !

Ceci est le quatrième article d’une série concept nommée 31 chansons : plus d’explications ici !

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J’adore les scènes dans les films où les personnages se déchaînent tous seuls dans leur chambre sur une chanson.

C’est une passion, je les cherche avec avidité et ce sont souvent les scènes que j’estime les plus fortes pour comprendre la psychologie d’un personnage, ce qui le remue intérieurement. Et bien souvent, évidemment, le choix de la chanson est primordial et pas si facile qu’il n’y paraît.

Il faut qu’on comprenne que les émois du chanteur ou de la chanteuse témoignent en filigrane de ceux du personnage mais sans que ce soit non plus trop bourrin ou trop évident. C’est bien plus un numéro d’équilibriste que ce qu’on pourrait croire.

Le jeu de l’actrice ou de l’acteur, pour compliquer la tâche, doit être millimétré, émotionnel mais pas trop appuyé ou exagéré, quand bien même il joue quelqu’un qui se lâche. C’est difficile car justement, il ne peut pas se permettre de le faire lui-même, ce qui, si l’acteur manque d’expérience, peut vite faire rendre la scène ridicule ou trop forcée. Ratée, donc.

C’est pourquoi, et je suis triste de le constater, je n’ai pas tant de scènes de ce genre à citer qui soient vraiment réussies et touchantes. Celle-ci est donc une exception, celle qui se déroule sur fond de Space Oddity de David Bowie dans le film québécois C.R.A.Z.Y, réalisé par Jean-Marc Vallée.

(Ce look c’était quand même sacrément cool…)

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Je suis fatiguée

Disclaimer à l’attention des parents d’enfants en bas-âge ou d’adolescents chahuteurs qui me liront : riez tout ce que vous voulez et pardonnez-moi.

Je suis rentrée de vacances hier et un constat s’impose, ça fait un petit moment certes mais je ne l’avais jamais ressenti aussi puissamment : je suis fatiguée.

Lundi dernier, deux jours à peine après mon retour dans la maison familiale et avec une liste de personnes à attraper au vol longue comme mon bras malgré les 6 pauvres petits jours que j’avais devant moi, mon corps a dit stop. Stop comme niet, nope, déso pas déso.

“Non tu n’iras pas là en voiture, non tu n’iras pas dormir dans un lit étranger, non tu n’iras pas boire trop d’alcool et papoter de tout et de rien jusqu’au bout de la nuit. Et pour que tu ne sois pas tentée, voilà tiens tu es aphone, tu n’as plus de force, tu craches tes poumons et tu tremblotes de fièvre, c’est bon, tu as compris maintenant?”

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« So long Marianne », Leonard Cohen – The Boat that Rocked

Alerte ! Cet article spoile salement et sans remord The Boat that Rocked !

 

Ceci est le troisième article d’une série concept nommée 31 chansons : plus d’explications ici !

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Pour le troisième épisode de 31 chansons, j’aimerais vous parler de cette chanson très spéciale qu’est So long Marianne de Leonard Cohen et de ce film encore plus spécial qu’est The Boat that Rocked.

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Film qui en version française et pour une raison qui ne cessera jamais de m’étonner, surtout quand j’ai découvert le titre original, s’appelle Good morning England. Ma foi, c’est un concept.

(c’est ce film, au cas où vous ne vous rappeliez pas)

J’ai vu ce film à sa sortie en salles, je devais avoir donc 19 ou 20 ans, c’était en 2009. C’était la morosité post crise des subprimes, je crois qu’on avait bien besoin de ce genre de film à ce moment. Il décrivait une époque où l’on croyait en l’avenir, on se disait que le rock’n’roll allait finir par balayer le conservatisme ambiant, la pilule existait mais pas  le sida, l’alcool mais pas la cirrhose, le pétrole mais pas le réchauffement climatique. L’insouciance, en fin de compte. Ou du moins l’image telle qu’on l’a aujourd’hui.

Tout m’a enchanté dans ce film, depuis l’histoire jusqu’aux acteurs tous fantastiques, l’époque décrite, l’humour et bien sûr et puisque c’est tout l’objet du film, la musique !

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Les femmes chez François Bourgeon, partie II : Mariotte, Les Compagnons du Crépuscule

Cet article est la deuxième partie d’un triptyque concernant les héroïnes de l’auteur de BD François Bourgeon. Ils peuvent se lire indépendamment les uns des autres mais, au cas où, la première partie est ici !

Il est possible qu’il y ait des spoilers… faites en ce que vous voulez !

 

Les Compagnons du Crépuscule fait partie du cercle pas si fermé des BDs que je relis très très régulièrement, je dirais environ 3 fois par an quand je rentre chez mes parents. Ça serait peut-être bien plus fréquemment si je les avais sous la main en permanence.

Aujourd’hui j’aimerais vous parler de son personnage féminin principal, la Mariotte. Mais avant, une introduction est nécessaire, pour tenter maladroitement de vous expliquer à quel point cette BD est extraordinaire dans absolument tous les sens du terme et parce qu’un brin de contextualisation est nécessaire.

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Je l’ai lu un peu plus tard que les Passagers du vent, qui a été ma porte d’entrée vers l’oeuvre de François Bourgeon. J’avais je crois entre 17 et 19 ans. Et, quelque part, heureusement que je n’ai pas commencé par celle-ci parce qu’elle est d’une telle densité émotionnelle, d’une telle richesse réflexive (on peut relire les histoires 100 fois et toujours découvrir un nouveau sens, une nouvelle piste, relier de nouveaux points) et d’une telle complexité qu’elle est effectivement un peu rude à appréhender au premier abord (même au second, en fait).

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Les femmes chez François Bourgeon, partie I : Isa, Les Passagers du vent

Ces derniers temps, j’ai souvent écouté des podcasts ou vu des vidéos où des femmes comme des hommes étaient amenés, que ce soit au hasard d’une question ou carrément le thème principal, à parler des modèles qui les avaient aidé à façonner leur vision de la masculinité ou de la féminité, que ce soit en bien ou en mal.

Ces questions sont effectivement passionnantes car même la réponse la plus bateau ou attendue révèle toujours quelque chose de notre culture, de notre génération, de notre rapport aux images et à notre société. Les personnages de films, de série, de livre, de BD ou autres qui nous ont fasciné pendant notre enfance, notre adolescence ou à l’âge adulte, plus ou moins profondément et pas pour les mêmes raisons selon notre âge, nous ont marqué à vie quoi qu’il en soit. Il est toujours intéressant d’entendre ce que les autres ont à en dire.

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(Mon cobaye du jour)

J’ai noté une récurrence incroyablement persistante des princesses Disney parmi ces modèles adulés, ce qui n’est en rien un hasard. Le rouleau compresseur de la firme aux oreilles de souris est si incroyablement puissant qu’il a façonné notre imaginaire et continuera sans doute longtemps à le faire de par son hégémonie dans le paysage du divertissement. Et il est donc bon de voir qu’il sait aussi s’adapter au temps et offrir aux petites filles surtout mais aussi aux petits garçons des modèles autres que celui de la gentille neuneu qui parle aux animaux en espérant qu’un jour son pot de fleur princier viendra la sauver de ce monde tout pourri.

(Évidemment que je caricature… c’est pour l’intérêt dramatique)

Je ne jurais moi-même que par Mulan quand j’avais 8 ou 9 ans (même bien après !) et je peux voir aujourd’hui quelle figure positive pour l’affirmation de soi elle a été dans ma vie. Mais trêve de Disney, aujourd’hui je vais parler d’une autre influence, un peu plus confidentielle celle-ci mais qui n’en a pas moins façonné ma façon d’envisager la féminité de façon un peu plus ouverte et plurielle.

(Ça c’est juste pour kiffer un coup)

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« Vagabond », Wolfmother – (500) days of Summer

Alerte ! Cet article spoile salement et sans remord (500) days of Summer !

 

Ceci est le deuxième article d’une série concept nommée 31 chansons : plus d’explications ici !

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Je voulais absolument en commençant cette série de 31 chansons parler à un moment de l’une des chansons du film (500) days of Summer.

 

 

Ceux qui me suivent depuis quelques temps savent déjà à quel point j’aime ce film pour de multiples raisons, dont une dont j’avais déjà parlé dans mon article sur ces films d’amour qui ne sont pas des comédies romantiques.

Une autre de ces raisons est la bande originale, qui est une de mes favorites du monde mondial tellement elle est parfaite, sautillante, triste parfois, bref tout ce qu’il faut pour vivre heureux.

Le film ne parle pas de musique mais la musique y tient une place centrale, un rôle des plus intéressants et hautement symbolique.

Ça a été vraiment dur d’en choisir une seule par contre et j’ai plusieurs fois changé d’avis. Finalement peut-être que je ferais plusieurs articles sur ce film en fin de compte, après tout je fais ce que je veux !

Aujourd’hui donc la chanson Vagabond du groupe australien Wolfmother, qui fait advenir le dernier acte du film de Marc Webb.

 

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Histoire d’une rupture amicale

Au début du mois de juin, j’ai rompu avec une de mes meilleures et plus anciennes amies, que pour des raisons évidentes de protection de son anonymat, nous allons ici appeler Clémentine, qui n’est donc pas son vrai prénom.

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(Film partenaire de cet article : Frances Ha de Noah Baumbach. Ça parle de ça exactement, je l’aime si fort)

Clémentine et moi nous connaissons depuis que nous avons 18 ans, nous étions voisines de couloir dans un pensionnat lors de notre première année d’études à Avignon. Elle et moi partagions aussi ce bout de couloir avec deux autres filles, cela faisait donc quatre petits pioupious qui vivaient pour la première fois hors de la maison familiale, ce qui est un chamboulement de toute éternité. Pas étonnant que nous soyons devenues très proches en peu de temps, malgré nos histoires, nos passifs et nos divergences d’opinions balbutiantes.

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« Breathe me », Sia – Six Feet Under

Alerte ! Cet article spoile salement et sans aucun remord la fin de Six Feet Under !

 

Ceci est le premier article d’une série concept nommée 31 chansons : plus d’explications ici !

 

 

 

 

 

Pour ouvrir cette rubrique de 31 chansons de films qui m’ont marqué, y avait-il vraiment une meilleure chanson et une meilleure scène que Breathe me de Sia, sur la scène de fin de Six Feet Under?

Je ne pense pas, car cette série, cette fin et cette chanson m’ont marqué au fer rouge et je ne suis pas la seule. Rien que d’y repenser, j’ai la chair de poule et envie de pleurer.

 

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31 chansons, petite intro

Il y a de cela quelques semaines, j’ai entendu une instagrammeuse que j’aime bien parler du livre 31 Songs de Nick Hornby.

Je l’ai bien entendu rajouté immédiatement dans ma liste de livres à lire un jour, liste qui n’en finit pas de se remplir et qui a bien peu de chances de se vider un jour vu mon rythme de lecture depuis quelques années. Mais peu importe, je trouve le concept fantastique et j’ai eu envie de le reprendre tel quel.

Enfin pas tout à fait tel quel. Apparemment, dans son bouquin, Nick Hornby parle de 31 chansons qui ont rythmé et marqué sa vie, en faisant ainsi une espèce de bande-son de son existence.

J’ai eu envie de faire pareil, avant de réaliser que beaucoup des chansons auxquelles je pensais provenaient de films ou de séries, de scènes filmées particulièrement reconnaissables et inoubliables, sublimées par des chansons dont je me rappelerai toute ma vie.

Alors, en attendant d’un jour peut-être trouver l’envie de faire ma propre bande-son, celle de ma vie, kaddish pour un film qui ne naîtra pas, j’ai envie de rendre hommage à ces scènes et à ces chansons qui font souvent bien plus que simplement les accompagner.

Le culte de la précocité

Je devrais lire Bourdieu.

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(Film partenaire de cet article : Before sunset de Richard Linklater avec Julie Delpy et Ethan Hawke)

Je me fais cette réflexion de plus en plus souvent ces derniers temps, sans pour autant passer à l’acte. C’est un sport de combat, il faut y être préparé psychologiquement.

La dernière fois que je me suis faite à moi-même ce constat, ce fut en lisant cet article de Annabelle Allouch dans le Monde Diplomatique, portant sur le projet de sélection à l’université, dont je ne suis l’actu que de très loin. Et une phrase, plutôt une expression, m’a sauté aux yeux, si fort qu’elle est devenue le titre de cet article.

Jugez plutôt :

La loi fait ainsi reposer sur l’élève — et sur des choix effectués à 15 ou 16 ans — la responsabilité de sa réussite ou de son échec. Fini les errements, les tâtonnements que permettait dans une certaine mesure l’ancien système : désormais, chacun doit anticiper la place qu’il veut se donner dans la société, sous peine qu’on la lui impose. Bien sûr, de ce point de vue, la réforme n’invente pas tout. Elle renforce des logiques déjà présentes dans l’univers scolaire, en particulier ce que Pierre Bourdieu nommait dès 1964 la « culture de la précocité », c’est-à-dire la prime donnée aux trajectoires linéaires et aux « voies royales »

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