Le téléphone, la rue et le quiproquo de l’enfer

Une autre histoire bizarre qui n’arrive jamais dans les films car ça ne serait pas crédible une seconde

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(500 days of Summer, de Mark Webb)

J’ai déménagé au début du mois de juin, avec une connaissance rencontrée quelques semaines plus tôt. Cette connaissance s’appelle Pedro (pour une fois je vais mettre les noms, ça se justifie vous allez voir) et nous avons dû, pour des raisons évidentes d’organisation, discuter souvent par téléphone pour régler certains menus mais essentiels détails.

La veille de mon emménagement, je reçois à mon travail un appel d’un numéro inconnu. Je réponds, une voix d’homme que je n’identifie pas me demande si l’on peut discuter. En réponse à ma question, j’obtiens comme réponse « c’est Pedro ». Je ne me pose aucune question car même si environ 15 % de la population masculine portugaise porte ce prénom, seul un est à priori en possession de mon numéro de téléphone. Je lui dis que je suis occupée, demande si je peux le rappeler plus tard, il est d’accord.

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Ce qui me meut

Dans notre monde moderne on ingère beaucoup de choses. Généralement une journée complète se fait à la fois en présentiel et sur les réseaux sociaux et, étonnement, lorsqu’il ne se passe rien dans l’un, il ne se passe rien dans l’autre. Lorsqu’au contraire, tout s’accélère, on a facilement l’impression de tout rater, à force de louper la moitié de tout.

On ingère beaucoup sans forcément avoir le temps de mâcher. On lit, on écoute et on regarde souvent à la sauvette, entre deux trucs à faire. Pourtant, assez miraculeusement, des bribes de cet apéro permanent parviennent à se frayer un chemin dans les limbes de notre mémoire, comme une cacahouète qui passe dans le mauvais tuyau alors qu’on les avale sans y penser depuis tout à l’heure. Nous parvenons alors à voir des coïncidences se produire, des résonnances plus fortes qu’on ne l’aurait imaginé ou souhaité, entre notre vie en ligne et notre vie hors, si faire une telle distinction a encore le moindre sens. Spoiler : je suppose que non.

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La honte, la rue et l’éducation sexuelle

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Photo: Rémi Declerck

Petit conte avec un titre racoleur.

Un mercredi, je sors du travail et je rentre en bus, comme d’habitude, même si ça n’est pas mon bus habituel. Je sors à l’arrêt le plus proche de chez moi, qui se trouve à environ 15 minutes de marche. Un jeune homme m’alpague, il est brun de peau avec les yeux très verts. Il lui manque quelques dents. Il vend un magazine édité par une association d’aide aux sans domiciles fixes, il a son petit badge cousu sur sa chemise. Je n’ai que moyen envie de lui acheter son truc mais comme il m’aborde avec gentillesse, nous commençons à parler ensemble. J’apprends qu’il est Roumain, Rrom, qu’il vient de la région de Târgu Mures et qu’il vit au Portugal depuis 5 ans. Il vient à peine de sortir de 3 mois passés à vivre dans la rue, il a eu la chance d’être pris en charge par cette association qui lui offre un petit lit dans un dortoir pour 80 euros par mois. Appelons-le E., afin qu’il conserve son anonymat.

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Sur les pavés

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Je me suis déjà cassée la binette, plusieurs fois, dont une fois devant des ouvriers matinaux et manifestement hilares.

Sous les pavés, j’ai vu aussi la plage, deux fois, et je me suis trempée jusqu’au cou, deux secondes c’est tout, parce que mine de rien, l’océan ça caille sévère !

J’ai trouvé un nouveau coin de chez moi, après 6 visites en 4 jours, un de plus sur la liste de tous ceux que j’ai déjà eu sur cette planète. Il est tout petit, très ensoleillé, j’y ai collé mes cartes postales préférées, des citations, des posters ramenés avec moi. J’ai investi mon coin de frigo et mon placard attitré dans la cuisine, je tente de trouver ma place au milieu de 7 autres personnes, ça avance, petit à petit, on n’est pas pressés.

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