Le téléphone, la rue et le quiproquo de l’enfer

Une autre histoire bizarre qui n’arrive jamais dans les films car ça ne serait pas crédible une seconde

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(500 days of Summer, de Mark Webb)

J’ai déménagé au début du mois de juin, avec une connaissance rencontrée quelques semaines plus tôt. Cette connaissance s’appelle Pedro (pour une fois je vais mettre les noms, ça se justifie vous allez voir) et nous avons dû, pour des raisons évidentes d’organisation, discuter souvent par téléphone pour régler certains menus mais essentiels détails.

La veille de mon emménagement, je reçois à mon travail un appel d’un numéro inconnu. Je réponds, une voix d’homme que je n’identifie pas me demande si l’on peut discuter. En réponse à ma question, j’obtiens comme réponse « c’est Pedro ». Je ne me pose aucune question car même si environ 15 % de la population masculine portugaise porte ce prénom, seul un est à priori en possession de mon numéro de téléphone. Je lui dis que je suis occupée, demande si je peux le rappeler plus tard, il est d’accord.

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La FOMO : qui est-elle, quels sont ses réseaux ?

De tous les troubles générés par la vie moderne, je crois qu’aucun ne nous influence autant au quotidien que la FOMO. Ceci est un acronyme dégueulasse mais terriblement pratique signifiant Fear Of Missing Out, peur de rater quelque chose, cette affection qui nous fait sans cesse nous projeter mentalement dans un autre lieu où il se passe quelque chose d’autre que le lieu où nous nous trouvons dans l’instant. Ce faisant, nous déconnectant de ce que nous sommes en train d’y vivre. La FOMO est aidée en cela de son meilleur allié : le smartphone connecté.

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(Film partenaire du jour : What if de Michael Dowse, la meilleure comédie sur l’amour et la FOMO)

J’ai cédé au sortilège de la connexion hors de la maison il y a très peu de temps, 2 mois en fait, comme j’avais cédé au smartphone lui-même il y a environ 1 an et demi, lors de mon voyage au Brésil. C’était la bonne excuse, j’avais besoin d’un appareil qui me permettrait de contacter mes proches sans m’encombrer d’un ordinateur, j’ai découvert Whatsapp, Messenger, c’était parfait, ça s’est effectivement imposé. Dans ces cas-là, il n’y a pas de retour en arrière possible, une fois qu’on a goûté à la technologie. Aujourd’hui je ne me verrais vraiment pas retourner à mon vieux-phone sans Internet, sans applis et sans écran tactile. Et le cercle de la consommation par l’obsolescence programmée reprend de plus belle.

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Gentils, discrètes, incertains : les héros qui viennent

A R., pour m’avoir soufflé l’idée

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(Film-thème de cet article : Frances Ha, de Noah Baumbach)

Le moins que l’on puisse dire est que les gentils n’ont pas spécialement bonne presse dans notre société. « Etre trop gentil » sonne la plupart du temps comme une insulte et ne dit-on pas « trop bon trop con » pour faire honte à quelqu’un de généreux ayant eu l’audace de croire que tout le monde était comme lui?

Ou encore le fameux « tu te crois dans le monde des Bisounours? » qu’on retrouve repris à toutes les sauces, y compris les plus immangeables pour nous faire avaler n’importe quoi? J’ai récemment entendu des amis s’excuser de n’avoir pu ne serait-ce qu’un instant qu’ils y étaient, ou qu’ils auraient aimé y être dans ce fameux « monde des Bisounours » dont au final on ne connaît pas trop la teneur (personnellement pourtant l’idée de vivre en permanence sur des nuages entourées de gros nounours multicolores avec un joyau en plastique sur la poitrine passant leur journée à bouffer des sucreries ressemble déjà plus à l’idée que je me fais de l’Enfer mais passons).

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Sérieusement

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Les injonctions contradictoires #2 : la zone de confort

Ci-joint ma chronique pour le Tafeur, magazine musical de la région Montpellieraine paru le 15 avril, destinée à paraître tous les deux mois.

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On nous rebat beaucoup, beaucoup, beaucoup trop les oreilles avec la zone de confort. Non vraiment. Au point que ça en devient culpabilisant, surtout quand on devient un peu trop précis sur ce qu’elle est et n’est pas.

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L’amitié et la distance

Aujourd’hui j’aimerais aborder un sujet qui me touche de très près. La distance. Et son corollaire, les relations à. On parle beaucoup de l’amour à distance (il y a en effet beaucoup à dire) mais j’ai moins souvent entendu disserter sur l’amitié, alors qu’au final nous y sommes beaucoup plus souvent confrontés.

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(Le film thème de cet article sera Obvious Child de Gillian Robespierre, je sais que ça parle surtout de l’avortement mais en vrai, ça montre aussi de belles amitiés. Et c’est super marrant, si si)

J’ai la chance, car à ces âges-là j’estime que c’est une chance, d’avoir passé toute mon enfance et mon adolescence dans la même ville, quasiment dans la même maison, avec pour conséquence des amitiés qui dans certains cas se suivent de manière plus ou moins discontinue depuis l’école primaire. Je n’ai jamais connu l’arrachement, à l’âge de 8 ans, de devoir changer de ville, de maison, d’école, de boulangerie où on faisait le meilleur pain au chocolat, de terrain de jeux favori, cet arrachement qu’ont pu connaître ceux dont les parents étaient plus nomades que les miens.

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Girlfriend

J’ai très exactement 13 jours, 6 heures et 27 minutes de musique stockée sur mon ordinateur. Ça doit sans doute paraître un peu vieux jeu à l’heure de Spotify et des playlists encore plus dématérialisées que celle-ci mais je dois avouer que le fait de l’avoir sous la main sans connexion me fait du bien, comme si ça me rassurait de savoir qu’elle était là. Pour le coup c’était encore plus rassurant avant, quand elle était là sous forme de cartons remplis de CDs gravés. Ouais non, ça prenait trop la poussière et ce n’était tout de même pas bien pratique. On n’emporte pas 15 kilos de CDs à chaque déménagement, sans compter la chaîne hi-fi.

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(Enfin si mais bon)

Du coup, je n’ai pas vraiment fait le tri dans tout ce que j’ai gardé depuis ma prime adolescence, qui a coïncidé avec l’émergence du peer-to-peer et du téléchargement illégal. Je sais qu’il y a sans doute beaucoup de cette musique qui ne correspond plus vraiment à mes goûts d’aujourd’hui, maintenant que mon oreille s’est affinée et que je n’accepte plus la même soupe qu’autrefois. Cette musique que l’on peut qualifier de honteuse, je la garde tout de même et elle m’écorche parfois le crâne lorsqu’elle s’invite en mode aléatoire, entre du Doom metal et de la musique traditionnelle cap-verdienne (ma dernière tocade en date).

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Un an de blog

Ce 22 mars, le blog a eu un an. J’ai lu suffisamment de blogs dans ma vie pour avoir remarqué que c’était souvent une bonne occasion pour en faire un post, en plus de fournir un sujet tout trouvé, comme c’est pratique. Ainsi, de même que le passage à la nouvelle année qui est l’occasion de faire le bilan, je sacrifie moi-aussi à ce qui n’est certes pas un passage obligé mais tout de même une bonne idée.

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12 articles ont été postés depuis la naissance de ce blog, 13 en comptant celui-ci. Vous vous direz que « bon ça va c’est honnête, ça fait presque un article par mois ». Sauf que pour un peu j’aurais pu ne pas arriver à ce chiffre. En effet la création n’est pas linéaire, à moins qu’on ne le décide et, comme vous l’avez peut-être remarqué, je ne l’ai décidé que très récemment, début février, sous l’influence de mon amie A. qui a su me mettre le coup de pied au cul qu’il fallait. J’exagère, pour le coup de pied. Bien sûr. Mais n’empêche, elle a su me motiver comme personne à tenter de poster une fois par semaine. Il faut dire qu’elle s’y connait en motivation et en régularité, j’en profite ici sans vergogne pour faire la pub de sa boutique en ligne, allez voir c’est joli.

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Ce qui me meut

Dans notre monde moderne on ingère beaucoup de choses. Généralement une journée complète se fait à la fois en présentiel et sur les réseaux sociaux et, étonnement, lorsqu’il ne se passe rien dans l’un, il ne se passe rien dans l’autre. Lorsqu’au contraire, tout s’accélère, on a facilement l’impression de tout rater, à force de louper la moitié de tout.

On ingère beaucoup sans forcément avoir le temps de mâcher. On lit, on écoute et on regarde souvent à la sauvette, entre deux trucs à faire. Pourtant, assez miraculeusement, des bribes de cet apéro permanent parviennent à se frayer un chemin dans les limbes de notre mémoire, comme une cacahouète qui passe dans le mauvais tuyau alors qu’on les avale sans y penser depuis tout à l’heure. Nous parvenons alors à voir des coïncidences se produire, des résonnances plus fortes qu’on ne l’aurait imaginé ou souhaité, entre notre vie en ligne et notre vie hors, si faire une telle distinction a encore le moindre sens. Spoiler : je suppose que non.

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La chronique de l’angoisse

(Oh le titre stressant)

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Valse avec Bachir, de Ari Folman.

Bonjour, je suis Marianne, je suis une grande angoissée.

Cette constatation fera peut-être lever un sourcil à certaines personnes, celles pour qui je suis (ou ait été) une collègue, une pote de pote, une presque inconnue, soit donc l’écrasante majorité des gens qui gravitent dans ma sphère personnelle. Car il semblerait qu’au premier abord et comme tout un chacun, les apparences soient souvent trompeuses.

Et il semblerait à ce qui est toujours mon grand étonnement que de prime abord je sois vue comme quelqu’un d’assez zen et relativement sûre de moi. Haha.

J’ai eu envie d’en parler depuis qu’une personne que je peux maintenant qualifier d’amie m’en a fait la remarque, de nouveau, après avoir passé suffisamment de temps avec moi pour que se fasse jour l’abominable vérité et que la sentence habituelle tombe:

« C’est marrant, tu es une grande angoissée en fait! »

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Les injonctions contradictoires #1 : présentation

Ci-joint ma chronique pour le Tafeur, magazine musical de la région Montpellieraine paru le 13 février et destinée à paraître tous les deux mois.

 

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Qu’est-ce qu’une injonction contradictoire et pourquoi en faire un sujet de chronique ? Déjà parce que, je pense que tout le monde en conviendra, c’est un titre qui claque, c’est la raison principale même si je vais tout de même tenter de vous convaincre que ça n’est pas uniquement pour la beauté du titre. Parce que de toute façon aucun titre même le plus extraordinaire ne pourra jamais égaler ce monument à la gloire du titre le plus classe du monde « Cent ans de solitude », ça ne sert à rien de discuter c’est comme ça, c’est un jury très impartial composé de moi, ma maman et Gabriel Garcia Marquez qui en a décidé ainsi, c’est irrévocable et je ne comprends d’ailleurs même pas pourquoi nous sommes encore en train d’en discuter.

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