Ce qui me meut

Dans notre monde moderne on ingère beaucoup de choses. Généralement une journée complète se fait à la fois en présentiel et sur les réseaux sociaux et, étonnement, lorsqu’il ne se passe rien dans l’un, il ne se passe rien dans l’autre. Lorsqu’au contraire, tout s’accélère, on a facilement l’impression de tout rater, à force de louper la moitié de tout.

On ingère beaucoup sans forcément avoir le temps de mâcher. On lit, on écoute et on regarde souvent à la sauvette, entre deux trucs à faire. Pourtant, assez miraculeusement, des bribes de cet apéro permanent parviennent à se frayer un chemin dans les limbes de notre mémoire, comme une cacahouète qui passe dans le mauvais tuyau alors qu’on les avale sans y penser depuis tout à l’heure. Nous parvenons alors à voir des coïncidences se produire, des résonnances plus fortes qu’on ne l’aurait imaginé ou souhaité, entre notre vie en ligne et notre vie hors, si faire une telle distinction a encore le moindre sens. Spoiler : je suppose que non.

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Pour quelques raisons inexplicables

Je ne sais pas s’il vous est déjà arrivé, en regardant un film ou une série, de vous demander si lorsqu’il a été tourné, quelqu’un n’avait pas posé une caméra sur votre tête sans que vous ne vous en rendiez compte.

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Je suppose que cela nous arrive tous à des degrés divers. Le cinéma, l’art en général, est une affaire d’identification, sans quoi on peut douter que nous puissions y être aussi sensibles. Idéalement il faudrait à la fois se reconnaître et se faire secouer, c’est à cela qu’on reconnaît une œuvre réussie, créer un espèce de miroir où l’on pourrait ne pas trop avoir envie de se voir et pourtant se précipiter dedans, tête baissée (cette image est vraiment trop douloureuse, pardon).

D’ailleurs dans la plupart des films tout est fait pour qu’on puisse s’identifier au maximum (surtout si on est un mec-cis-hétéro-blanc-valide, mais ça n’est pas le sujet). Personnellement ça marche souvent si bien qu’on se retrouve à s’identifier au suricate qui surveille la savane dans les documentaires animaliers, en ayant très peur de se faire dévorer. Cependant aucun film n’avait jusque-là porté mon potentiel d’identification personnel à un tel degré d’absurdité.

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C’est quoi ce bruit?!

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Alors non le blog n’est pas mort, je sais, c’était pas forcément évident, là comme ça au premier coup d’œil.

J’ai très envie de profiter de l’arrivée de 2017 de manière très putassière pour, oula!, « faire le bilan », « marquer le coup » comme on dit, j’en passe et des plus mûres. Alors autant le dire tout de suite, si j’espère tout de même que je tiendrais au moins la résolution d’accroître ma productivité sur le blog, les promesses n’engagent que ceux qui les croient (donc moi, non mais la naïveté des fois…)

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La honte, la rue et l’éducation sexuelle

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Photo: Rémi Declerck

Petit conte avec un titre racoleur.

Un mercredi, je sors du travail et je rentre en bus, comme d’habitude, même si ça n’est pas mon bus habituel. Je sors à l’arrêt le plus proche de chez moi, qui se trouve à environ 15 minutes de marche. Un jeune homme m’alpague, il est brun de peau avec les yeux très verts. Il lui manque quelques dents. Il vend un magazine édité par une association d’aide aux sans domiciles fixes, il a son petit badge cousu sur sa chemise. Je n’ai que moyen envie de lui acheter son truc mais comme il m’aborde avec gentillesse, nous commençons à parler ensemble. J’apprends qu’il est Roumain, Rrom, qu’il vient de la région de Târgu Mures et qu’il vit au Portugal depuis 5 ans. Il vient à peine de sortir de 3 mois passés à vivre dans la rue, il a eu la chance d’être pris en charge par cette association qui lui offre un petit lit dans un dortoir pour 80 euros par mois. Appelons-le E., afin qu’il conserve son anonymat.

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Sur les pavés

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Je me suis déjà cassée la binette, plusieurs fois, dont une fois devant des ouvriers matinaux et manifestement hilares.

Sous les pavés, j’ai vu aussi la plage, deux fois, et je me suis trempée jusqu’au cou, deux secondes c’est tout, parce que mine de rien, l’océan ça caille sévère !

J’ai trouvé un nouveau coin de chez moi, après 6 visites en 4 jours, un de plus sur la liste de tous ceux que j’ai déjà eu sur cette planète. Il est tout petit, très ensoleillé, j’y ai collé mes cartes postales préférées, des citations, des posters ramenés avec moi. J’ai investi mon coin de frigo et mon placard attitré dans la cuisine, je tente de trouver ma place au milieu de 7 autres personnes, ça avance, petit à petit, on n’est pas pressés.

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